ENDÔ Shûsaku – Silence
Nous sommes en 1614. Au Japon, le shogun formule un édit d’expulsion de tous les missionnaires catholiques. Alors que des rumeurs circulent sur le fait que le très estimé missionnaire Christophe Ferreira aurait apostasié. Le moine jésuite Sébastien Rodriguez, est envoyé au Japon pour enquêter. C’est sous la forme de lettres de Rodriguez à ses supérieurs que le récit démarre.
Après un très long voyage, Rodriguez arrive au Japon en 1638 pour y découvrir que dans certains villages, on continue à croire en la religion catholique et il va tenter de poursuivre son rôle de missionnaire en dépit de la menace qui pèse sur lui et sur ces paysans auxquels il a fini par s’attacher.
C’est un récit vraiment très intéressant qui évoque une partie de l’histoire nippone assez méconnue. C’est, pour ma part, peu de temps après être arrivée au Japon que j’ai appris la venue des missionnaires catholiques au seizième siècle puis l’interdiction de la pratique de cette religion et les persécutions racontées dans Silence (沈黙 Chinmoku). Quand j’ai entendu parler de ce roman d’Endô, j’ai donc sauté sur l’occasion.
Que l’on ait ou non une religion et quelle qu’elle soit, le sujet est intéressant et le roman de Shûsaku Endô très instructif. Tout au long du livre, on se demande si le missionnaire va conserver sa foi jusqu’au bout ou s’il va finir par la renier pour échapper aux tortures. Ces dernières sont décrites avec un tel réalisme que j’en ai encore froid dans le dos. Le récit nous permet aussi de comprendre la condition du peuple japonais à cette époque et de voir un peu la façon dont le pays était gouverné.
Un roman très instructif que je suis contente d’avoir lu malgré sa dureté.
Folio, octobre 2010
A noter : Si Rodriguez est un personnage fictif, Christophe Ferreira en revanche a réellement existé. Après avoir effectivement apostasié, il est devenu moine zen et a même écrit un traité contre le christianisme intitulé La supercherie dévoilée.