David Mitchell – Cartographie des nuages
J’ai trouvé ce livre génial, et pourtant, je sens que je vais avoir du mal à vous en parler.
Ce roman est construit comme une succession de récits concernant différents personnages dans différents lieux et à diverses époques. Au fil des chapitres, on se rend compte que chacune de ces histoires à un lien avec les précédentes. Il ne s’agit pas là d’un procédé tout nouveau mais encore faut-il réussir à rendre l’ensemble cohérent ; c’est ce que réussi à faire David Mitchell dans Cartographie des nuages.
Le récit débute en 1850 sous la forme du journal d’Adam Ewing, un américain embarqué à bord d’un bateau qui le ramène chez lui en Californie. Nous croisons ensuite la route de Robert Frobisher, un jeune anglais déshérité par son père qui se met en tête de devenir l’assistant d’un compositeur célèbre ; si ce dernier accepte il sera certain d’être à l’abri du besoin et pourra dans le même temps continuer à travailler à sa propre œuvre. Son témoignage nous est relayé sous la forme de lettres, datées de 1931, envoyées à un certain Sixsmith, personnage que l’on retrouve quelques quarante ans plus tard dans l’histoire de Luisa Rey, une jeune journaliste qui enquête sur une multinationales aux activités pas très claires. J’avoue avoir un faible pour l’histoire suivante, celle de Sonmi~451, un clone qui se met à réfléchir par elle-même et à se rebeller dans un futur hypothétique où la Corée serait devenue une superpuissance et où le reste du monde a quasiment disparu.
Je ne vous cache pas que j’ai eu – comme cela m’arrive souvent dans ce genre de cas – un peu de mal avec la partie suivante qui est écrite dans un style plus proche du langage parlé, simulant une évolution de la langue. C’est très bien fait et le récit est intéressant mais cela me fatigue de lire ce genre de choses. Malgré ce bémol, cela reste un coup de cœur car c’est écrit fort intelligemment. En effet, chaque partie a son propre style et ses propres caractéristiques, on a vraiment l’impression de lire plusieurs auteurs différents en un seul roman. On passe du carnet de voyage à une sorte de thriller haletant puis à un récit plus proche de la science-fiction ; cet auteur a l’air de savoir tout faire !
Je suis vraiment tombée sous le charme et je suis d’autant plus curieuse de lire son dernier roman paru en début d’année aux éditions de l’Olivier : Les mille automnes de Jacob et Zoet.
Points, janvier 2012