Archive pour juin 2012

Tennessee Williams – Un tramway nommé désir

Tennessee Williams - Un tramway nommé désirStella et son mari Stanley Kowalski habitent dans un minuscule deux pièces à la Nouvelle Orléans et attendent leur premier enfant. Stanley n’est donc pas très heureux lorsqu’il voit débarquer sans prévenir Blanche DuBois, la sœur de son épouse. Il pense tout de suite, à raison, qu’il y a quelque chose de louche dans son histoire et se montre peu accueillant avec la jeune femme, allant jusqu’à faire mener une enquête sur elle. Il s’avère que Blanche a en effet perdu la plantation familiale ainsi que son emploi d’institutrice et qu’elle souhaite recommencer à zéro dans une ville où personne ne la connais.

J’avais lu cette pièce il y a plus de dix ans et je ne me souvenais pas que l’atmosphère était aussi lourde et les personnages aussi peu sympathiques. Mais c’est justement là que réside la qualité principale du texte : on ressent bien, dans l’écriture de Tennessee Williams, la moiteur de l’atmosphère et le malaise des personnages.

Stella est une fille gentille et un peu naïve qui ne pense jamais à mal, c’est de bon cœur qu’elle accueille sa sœur sans se poser de questions alors que Stanley, une brute épaisse qui passe son temps avec ses copains et s’occupe peu de sa femme, se méfie tout de suite d’elle. Blanche de son côté profite un peu de sa sœur en attendant de pouvoir retomber sur ses pattes, elle est donc, elle aussi, loin d’être parfaite. Tout cela pour dire que je n’ai apprécié le caractère d’aucun des personnages principaux.

J’ai tout de même bien aimé la pièce, notamment la fin dont je ne me rappelais plus et qui m’a surprise. En même temps, je ne vois pas comment ça aurait pu finir autrement ! Une relecture un peu en-dessous de mes attentes mais sympathique tout de même !

Il faudrait un jour que je regarde le célèbre film d’Elia Kazan avec Marlon Brando et Vivien Leigh (que vous pouvez voir sur la couverture). Si certains l’on vu, avez-vous aimé ?

10/18, janvier 1995

 

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[Film] The Hours

Après ma lecture du formidable roman de Michael Cunningham, Les heures, j’ai eu envie de découvrir le film réalisé par Stephen Daldry dont j’avais entendu le plus grand bien.

The Hours - poster

Les trois actrices principales sont sublimes dans leur rôle.

Nicole Kidman as Virginia Woolf

Un rôle qui m’a surprise car j’ai plutôt eu l’habitude de la voir dans des rôles plus glamour. Ici, elle est méconnaissable avec ses vêtements informes et la façon dont elle se plonge dans ses pensées sans faire attention à ce qui l’entoure. J’ai beaucoup aimé sa prestation.

Nicole Kidman as Virginia Woolf

Meryl Streep as Clarissa Vaughan

Rien à redire sur l’interprétation de Meryl Streep, elle incarne une Clarissa parfaite qui cherche à faire de son mieux. Un personnage complexe et vraiment intéressant, notamment dans sa relation avec les autres.

Meryl Streep as Clarissa Vaughan

Julianne Moore as Laura Brown

Des trois, c’est l’actrice que je connais le moins, je n’ai pas vu beaucoup de films avec elle. Je l’ai trouvée très bien dans ce rôle même si c’est le personnage que j’ai le moins aimé dans le roman. Son interprétation correspond assez bien à ce que j’avais imaginé et j’ai beaucoup aimé la voir essayer de jouer son rôle d’épouse-modèle des années 50.

Julianne Moore as Laura Brown

Si le roman retrace surtout le destin de ces trois femmes, il y a cependant un rôle qu’il ne faut pas oublier, c’est celui de Richard, interprété ici par Ed Harris, la dernière scène dans laquelle il joue avec Meryl Streep est intense, j’en frissonne encore en y repensant.

Ed Harris as Richard

Globalement, j’ai aimé l’ambiance des trois différentes époques et en même temps le fait que la mise en scène accentue le parallèle entre les trois femmes. Bien entendu, il y a quelques différences par rapport au roman mais elles me semblent judicieuses.

Je trouve que le livre a été merveilleusement adapté et conserve bien l’émotion du roman de Michael Cunningham.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire !

Michael Cunningham – Les heures

Michael Cunningham - Les heuresLes heures est un roman qui raconte la journée de trois femmes à différentes époques.

La première, que nous rencontrons dans un prologue très émouvant, n’est autre que la célèbre romancière Virginia Woolf. Elle est en train d’écrire un de ses romans les plus prisés, Mrs Dalloway.

La deuxième est Clarissa, une jeune femme au nom prédestiné que Richard, son amour de jeunesse, a surnommé Mrs Dalloway. Richard est maintenant malade du SIDA. Au cours de cette journée, elle organise une réception en son honneur à l’occasion de la remise d’un prestigieux prix littéraire.

Et enfin, il y a Laura Brown, mère du petit Richie et enceinte de son deuxième enfant ; au cours de cette journée, elle a l’intention de préparer un superbe gâteau pour l’anniversaire de son époux alors que sa seule envie est de continuer sa lecture de Mrs Dalloway, le roman de Virginia Woolf.

Ce roman est une petite merveille !

Ces trois femmes n’ont a priori rien en commun et pourtant on s’aperçoit petit à petit que les épreuves qu’elles traversent présentent des similitudes bien qu’elles vivent à des époques aux mœurs différentes ; certaines choses restent immuables.

J’ai aimé les parallèles entre les trois histoires et évidemment, les références à Mrs Dalloway, roman sur lequel repose tout le récit. Bien que l’on puisse, à mon avis, apprécier et comprendre Les heures sans connaître l’histoire de Clarissa Dalloway, il est préférable de l’avoir lu pour profiter pleinement du récit et pour ne pas vous spoiler le roman de Virginia Woolf si vous avez l’intention de le lire un jour !

Je vous le recommande chaudement, et je reviens vous parler du film très vite !

Ce roman a reçu le Prix Pulitzer en 1999.

10/18, mars 2011

Guy de Maupassant – Bel Ami

Maupassant - Bel AmiAprès avoir servi quelques temps en Algérie dans l’armée française, George Duroy se rend à Paris où il s’avère qu’il a bien du mal à joindre les deux bouts. La chance finit cependant par lui sourire lorsqu’il tombe par hasard sur un camarade de régiment, Charles Forestier. Ce dernier l’invite à dîner chez lui le lendemain soir ; cette soirée va avoir une importance décisive sur la suite des évènements car il y rencontre notamment Madeleine, l’épouse de Forestier, Mme de Marelle, et le patron de Charles, M. Walter, qui lui propose de travailler pour lui au journal La Vie Française. C’est à partir de ce moment que George Duroy commence à comprendre qu’il peut se servir de ses accointances pour arriver à ses fins.

Lorsque j’ai entendu qu’un film tiré du roman Bel Ami allait sortir, avec Robert Pattinson dans le rôle principal, j’ai été interpellée mais ce n’est qu’en voyant la bande-annonce que je me suis rendue compte qu’en fait, je ne connaissais pas du tout l’histoire…Il fallait donc absolument que je le lise avant la sortie du film !

C’est une lecture qui m’a tenue en haleine car j’avais vraiment envie de voir jusqu’où le personnage irait pour parvenir à ses fins. Dès qu’il comprend qu’il peut obtenir de l’avancement en s’attirant les faveurs des femmes plutôt que par son travail, il n’hésite pas à séduire toutes celles qui pourraient se révéler influentes. Avant d’ouvrir le livre, je pensais que j’allais détester George Duroy mais je dois avouer que finalement il a réussi à me séduire, moi aussi. Je ne cautionne évidemment pas sa façon d’agir mais je pense que j’aurais pu tomber sous le charme. A sa décharge, il faut dire que les autres personnages ne sont pas plus sympathiques et qu’ils cherchent tous à maintenir leur position dans la société, quels qu’en soient les moyens. Ainsi, à travers l’histoire de ce jeune homme ambitieux, Maupassant nous offre une critique acerbe du monde du journalisme et de la politique qui ne semble pas démodée bien que le livre date de plus d’un siècle.

Bel Ami est un texte vraiment plaisant et intéressant, il aurait été dommage de passer à côté !

Je remercie Shelbylee et Céline qui ont fait cette lecture avec moi et je vous invite à aller lire leurs billets !

Folio classique, septembre 1999

On se quitte avec la bande-annonce du film de Declan Donnellan et Nick Ormerod qui sort aujourd’hui, 27 juin 2012, en France. Outre Robert Pattinson dans le rôle de George Duroy, on retrouve également Uma Thurman (Madeleine Forestier), Christina Ricci (Clotilde de Marelle) et Kristin Scott Thomas (Virginie Rousset – dont ils ont changé le patronyme, je me demande pourquoi !).

TOMA Rei – L’arcane de l’aube #7

TOMA Rei - Reimei no arcana - L'arcane de l'aube Tome 7Vous vous souvenez peut-être qu’à la fin du sixième tome, de nouveaux personnages faisaient leur apparition, laissant présager de nouveaux rebondissements. Et bien, au début de ce tome-ci, j’ai trouvé que cela retombait un peu comme un soufflé… Les personnages en question ne servent pas à grand-chose si ce n’est à emmener Nakaba et ses compagnons devant le Roi. Soyons honnêtes, je me suis un peu ennuyée dans le premier chapitre du volume.

Heureusement, ça s’améliore par la suite avec une vision déclenchée par le don de l’Arcane du temps (je ne sais plus si c’est traduit comme ça en français mais vous voyez de quoi je parle). C’est cet élément qui fait à mon avis l’originalité de ce manga car on ne sait toujours pas comment fonctionnent les visions de Nakaba ni dans quelle mesure ce qu’elle voit est réel.

L’intrigue amoureuse est moins présente que dans les premiers volumes mais toujours intéressante à suivre, il y a même un passage qui a fait palpiter mon petit cœur. On sent bien que César est vraiment prêt à tout pour Nakaba mais qu’il a souvent l’impression d’être évincé par la présence de Loki. Ce dernier me semble de plus en plus mystérieux au fil des chapitres et je n’arrive pas vraiment à savoir quels sont ses sentiments vis à vis de Nakaba et dans quelle mesure on peut lui faire confiance. L’auteure nous fait beaucoup douter avec ce septième tome !

Malgré un début difficile avec le premier chapitre, l’histoire est toujours aussi palpitante. Vivement la suite !

Ce volume 7 sort en français chez Kazé le 4 juillet 2012.

小学館 (Shōgakukan), juin 2011

Patti Smith – Just Kids

Just Kids Patti Smith - Just Kidsest un récit autobiographique dans lequel Patti Smith raconte sa jeunesse et les évènements qui l’ont poussée à se rendre à New York puis sa rencontre et sa relation avec Robert Mapplethorpe. Tous deux artistes dans l’âme, nous voyons dans ce récit comment ils se sont apportés l’un à l’autre l’énergie nécessaire pour créer.

Ce livre est passionnant ! D’une part, parce que cette amitié qui les lie est une belle et émouvante histoire, et d’autre part, pour l’ambiance de l’époque, les rencontres avec Allen Ginsberg, Andy Warhol ou encore Janis Joplin pendant qu’ils séjournaient dans le mythique Hotel Chelsea. J’ai aimé découvrir leur vie ensemble, leurs sources d’inspiration, les espoirs, les désillusions, les problèmes, les envies…

Bien que je me sois passionnée pour ce livre, je ne l’ai pas lu d’une traite, au contraire, j’ai fait durer le plaisir en entrecoupant ma lecture pour faire des recherches, j’ai ainsi découvert des artistes que je ne connaissais pas, noté des titres d’ouvrages et flâné à travers des photos de New York et de l’Hotel Chelsea , le tout en musique avec les albums Horses (dont la pochette a été réalisée par Robert Mapplethorpe) ou Easter.

De plus, au cas où vous en doutiez, la plume de Patti Smith est sublime, quoi de plus normal pour cette poétesse, admiratrice de Rimbaud  et auteure de paroles magnifiques !

Une autobiographie rock’n’roll on ne peut plus intéressante et un bel hommage à Robert Mapplethorpe mort du sida en 1989.

Folio, mai 2012

Je vous laisse avec une petite vidéo dans laquelle elle interprète le morceau Because the Night, co-écrit avec Bruce Springsteen ; je ne m’en lasse pas !

Sarah Dessen – Cette chanson-là

Julie vient de finir le lycée, à la rentrée elle ira à Stanford. En attendant, elle compte bien profiter de l’été pour s’amuser avec ses copines et pourquoi pas flirter avec un ou deux garçons, rien de bien sérieux, non, juste de quoi passer le temps…

Et puis, voilà qu’elle rencontre Damien, chanteur du groupe que son nouveau beau-père a engagé pour célébrer son mariage avec sa mère. Damien qui est à l’opposé des garçons avec qui elle a l’habitude de sortir, Damien qui est maladroit et désordonné, et surtout Damien-le-chanteur, musicien comme son père qui l’a abandonné en lui laissant comme héritage une unique chanson qui ne cesse de la hanter.

Cette chanson-là

N’a que quelques rimes

Quelques accords.

Tu te sens tranquille dans cette chambre

Mais tu les entends toujours

Où que tu ailles.

Je t’abandonnerai

Mais cette chanson-là

Ne s’arrêtera jamais…

C’est une jolie histoire dans l’ensemble même si je dois dire que parfois Julie m’a énervée. Son comportement se comprend et s’explique par ce qu’elle a vécu jusqu’alors mais j’ai bien cru qu’elle allait finir par tout gâcher à force de toujours tirer des conclusions hâtives !

Ce qui m’a attiré dans ce roman au départ – outre la renommée de l’auteure – c’était le fait que la musique soit un ingrédient utilisé dans la trame du roman mais finalement, elle ne joue pas un rôle si important dans la façon dont Julie évolue et en cela je suis un peu déçue. Ce que j’ai apprécié en revanche c’est que Sarah Dessen décrit les émotions des personnages avec lucidité, tout n’est pas parfait, ce n’est pas une gentille histoire d’amour, il y a des obstacles, des déceptions, des doutes ; elle sait rendre le roman réaliste.

Un bon roman qui devrait ravir les adolescentes et les jeunes (et moins jeunes !) femmes qui ont conservé un cœur de midinette ! Malgré tout, ce sera juste, pour moi, une lecture agréable mais pas un coup de cœur comme ça le fût pour d’autres blogueuses.

Pocket jeunesse, mai 2012

Marivaux – L’île des esclaves

Marivaux - L'île des esclavesÉchoués à la suite d’un naufrage sur une île gouvernée par des esclaves fugitifs, une coquette et un petit-maître perdent la liberté tandis que leurs esclaves désormais affranchis deviennent maîtres – et leur font subir diverses épreuves : « Nous vous jetons dans l’esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu’on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l’avoir été. »

L’idée de départ est excellente et je m’attendais à en tirer une belle leçon ; que nenni ! L’intrigue qui se développe une fois que maîtres et esclaves ont échangé leur place est très mince et pas vraiment intéressante. Aucune idée n’est vraiment développée, la pièce étant très courte, je me demande pourquoi l’auteur n’a pas poussé la réflexion plus avant, il se moque des uns des autres mais sans jamais aller trop loin non plus. Par peur de déplaire ?

Une pièce complètement anecdotique qui n’a même pas eu le bon goût de me divertir. On oublie !

Le livre de poche, août 1999

Le mardi sur son 31 #8

C’est l’heure du rendez-vous de Sophie : Le mardi sur son 31 ! Comme d’habitude, je vous invite à cliquer sur le logo pour en savoir plus ;-)

Je suis actuellement en train de lire Les heures de Michael Cunningam. Un roman qui raconte le destin de trois femmes : Clarissa, Virginia et Laura. L’extrait que j’ai choisi à la page 31 (et qui commence en fait à la page 30) concerne Clarissa, surnomée Mrs Dalloway.

Elle reste à contempler les livres, et son reflet qui se superpose dans la vitre (elle est toujours agréable à regarder, belle désormais plutôt que jolie – quand donc la maigreur et les rides et les lèvres parcheminées de son visage de vieille femme commenceront-elles à apparaître ?), puis elle s’éloigne, regrettant l’exquise petite robe noire qu’elle ne peut acheter pour sa fille parce que Julia est esclave d’une théoricienne homosexuelle et ne porte que des T-shirts et des boots militaires.

J’en suis à la moitié du roman et j’adore, je ne vais sans doute pas tarder à le finir, d’autant que la météo ne donne pas envie de sortir (la saison des pluies a officiellement commencé).

Ann Radcliffe – Les mystères de la forêt

Ann Radcliffe - Les mystères de la forêtPierre de la Motte quitte Paris en pleine nuit, avec son épouse, pour échapper à la justice. Forcés de s’arrêter dans une vieille maison, ils se voient confier le destin de la jeune Adeline dont l’histoire va, pour un temps du moins, toucher une corde sensible chez Mme de la Motte.

Alors que leur fuite se poursuit, ils se perdent dans la forêt et finissent par s’établir dans une sorte d’abbaye où La Motte espère pouvoir se faire oublier. Mais un certain nombre de bruits courent sur cette bâtisse et l’atmosphère générale devient étrangement angoissante.

J’ai trouvé cette lecture plaisante et pourtant on ne peut nier que le roman comporte un certain nombre de défauts. Les divers rebondissements et révélations ne sont pas crédibles et arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. Certes, c’est souvent le cas dans le roman gothique, les choses ne sont pas toujours censées trouver une explication rationnelle mais là, même moi qui suit pourtant une adepte du genre, j’ai trouvé ça un peu gros. Ceci mis à part, l’ambiance reste relativement inquiétante, on ne cesse de se demander ce qui va arriver à la pauvre jeune fille qui ne s’échappe que pour retomber dans les pires afflictions.

Un roman qui se lit agréablement mais bien moins abouti que Les mystères d’Udolphe ou L’italien ou le Confessionnal des pénitents noirs par lequel je vous conseille de commencer si vous souhaitez découvrir Ann Radcliffe.

Folio, novembre 2011