Robert McLiam Wilson – Eureka Street
Dans un Belfast sous le coup des menaces terroristes de l’IRA et autres groupuscules extrémistes, nous suivons, d’une part, Jake, le catholique, miné par sa rupture avec Sarah et qui collectionne les histoires d’amour foireuses, et d’autre part, Chuckie, le protestant, dont les combines pour devenir riche dépassent l’imagination.
Leurs différences ne les empêchent pas d’être amis et de se retrouver régulièrement au pub pour picoler avec leur bande de copains.
Cependant, après avoir fêté ses trente ans, Chuckie prend conscience qu’il n’a encore rien accompli et se lance dans les affaires en partant de rien ; de plus il commence à sortir avec Max, une américaine dont le père pacifiste a été assassiné dans un aéroport irlandais alors qu’il venait participer à des pourparlers en faveur de la paix. Jake a donc moins d’occasions de le voir jusqu’au jour où Chuckie l’invite à un dîner avec sa petite amie et la colocataire de cette dernière. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’Aoirghe Jenkins, une militante républicaine qui a vite fait de l’exaspérer.
Je voulais lire ce roman depuis très longtemps et en même temps j’hésitais, pour découvrir Robert McLiam Wilson, avec Les dépossédés, une non-fiction traitant de la pauvreté. C’est finalement Eureka Street qui a croisé ma route en premier et je ne suis pas déçue du tout. Tout d’abord parce que j’ai aimé le fait que cela se passe à Belfast dans un climat où la menace est toujours présente et dans lequel les protagonistes ne savent jamais où va éclater la prochaine bombe. On verra d’ailleurs dans le roman comment les deux personnages principaux seront touchés par ces attentats. J’ai aussi aimé les relations entre les personnages, la façon dont chacun appréhende le monde du travail mais aussi les relations amoureuses. Chuckie et Jake sont à la fois différents et semblables, on voit chez eux les aspirations de la jeunesse irlandaise même s’ils ne prennent pas le même chemin.
Par ailleurs, j’ai vraiment apprécié la plume de Robert McLiam Wilson et l’humour que nous retrouvons tout au long du livre malgré la difficulté du contexte historique. Un auteur que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt et que j’aurai assurément plaisir à retrouver !
10/18, mars 1999