Justine Niogret – Mordre le bouclier
Mordre le bouclier est la suite de Chien du heaume, premier roman de l’auteure dont je vous ai parlé il y a déjà quelques temps.
Pour ne pas trop en dire dans le cas où vous n’auriez pas lu la première partie des aventures de Chien, je ne dirai pas grand chose de la trame si ce n’est qu’une femme nommée Bréhyr lui demande de l’accompagner dans sa quête de vengeance et qu’elles vont ainsi se lancer dans une longue route semée d’embuches et de nouvelles rencontres…
Tout comme dans le premier tome, l’écriture est recherchée de façon à coller à l’ambiance moyenâgeuse et confère à la férocité de l’histoire un côté poétique. Il n’y a pas énormément d’action mais l’atmosphère est tellement prenante qu’on ne s’ennuie absolument pas !
Un extrait qui m’a beaucoup marquée :
Ton père, ton père était un guerrier loup, qu’ils disaient, le peu que j’ai fini par comprendre de leur langue d’animaux. Ces guerriers, ils mangent de la chair, et l’odeur du sang les rend fols, autant que les étalons lorsqu’ils sentent les remugles d’une jument derrière les collines. Ils entrent en rage, les gens de cette espèce. Ils mordent leur bouclier jusqu’à s’en rendre fous. Ils plient l’acier avec leurs dents, ils en gravent le fer, et n’ont ni mal ni douleur tellement plus rien d’humain ne vit en eux. J’ai vu des marques de dents sur le métal. Je les ai vues. Ils mordent leur bouclier et c’est là que toute fureur les gagne, qu’ils renversent les yeux comme au moment de cracher leur semence ou de prier, et ils deviennent des monstres. Voilà ton mal, voilà ce qui poussait dedans le crâne de ton père, et qui l’a mené à me violenter, et aussi d’autres femmes, à tuer, à se faire assez horrible pour que tu doives le détruire pour t’en débarrasser. C’était une bête, et tu es une bête tout comme lui.
Je lirai sans nul doute les prochains romans de Justine Niogret, à commencer par Gueule de truie paru en février dernier aux éditions Critic.
J’ai lu, mars 2013
Nouvelle participation au challenge de Laure, A tous prix puisque le roman a reçu, entre autres, le prix Utopiales européen en 2012 dans la catégorie meilleur roman.