MATSUI Kesako – Les mystères de Yoshiwara
Quatrième de couverture : Avec ce roman nous pénétrons de plain-pied dans le monde fascinant de Yoshiwara, le plus grand quartier des plaisirs de la ville d’Edo, aux règles complexes et raffinées, et aux secrets bien gardés. Un homme enquête : qui est-il, d’où vient-il ? Nous ne l’apprendrons qu’à la fin. Mais ce que nous comprenons, c’est qu’une « affaire » a eu lieu, et que cette affaire concerne la grande Katsuragi, l’une des courtisanes les plus prisées de Yoshiwara. L’un après l’autre, tenanciers de maisons closes, domestiques, amuseurs, geishas, entremetteuses, viennent répondre aux interrogatoires. Et chacun en profite pour se lancer dans des digressions ou des confessions cocasses, nostalgiques ou cyniques, qui donnent une image très vivante de ce qui fait son quotidien. A travers ces histoires drolatiques, tragiques ou émouvantes, à travers ces diatribes truculentes, enthousiastes ou désabusées mais toujours pleines de verve, on voit revivre tout le petit peuple de Yoshiwara, avec ses lois, ses usages, ses rites, et ses savoureux mystères.
J’ai beaucoup aimé la construction du roman : chaque chapitre est consacré à un personnage différent et on apprend ainsi de nombreuses choses sur le quartier de Yoshiwara, quartier de la prostitution à Edo (ancien nom de Tokyo), à travers leurs confidences. On ne sait pas qui est le personnage qui tente de leur tirer les vers du nez – même si on s’en doute fortement – d’autant qu’il n’intervient jamais directement dans le récit. J’ai trouvé particulièrement intéressantes les explications sur le fonctionnement des maisons de thé et sur les divers métiers exercés dans le quartier ainsi que celles sur les différents « types » de prostituées. J’avais déjà eu l’occasion de voir des reconstitutions dans des dramas ou films mais ce n’était pas aussi détaillé. Je ne cautionne évidemment pas la prostitution mais j’ai trouvé intéressant de voir comment c’était organisé à cette époque.
Par ailleurs, le suspens à propos de la disparition de Katsuragi est extrêmement bien entretenu, les spéculations vont bon train mais on ne découvre qu’au dernier moment ce qui est vraiment arrivé !
C’est un roman vraiment passionnant qui a toutefois un défaut : le style, pas très agréable étant donné qu’il s’agit uniquement de conversations, cela manque un peu d’élégance littéraire. En même temps, je me demande si cette façon de parler n’est pas significative du quartier de Yoshiwara, il est possible que ce soit ce qu’a voulu exprimer l’auteure. Cela ne constitue en tout cas pas un argument suffisant pour passer à côté de cette lecture !
Un roman à lire si vous avez envie d’en savoir plus sur ce célèbre quartier et si vous aimez le suspens !
Picquier poche, octobre 2013
Du côté des challenges : A tous prix chez Apshodèle ; Prix Naoki 2007 ; Écrivains japonais chez moi.