Archive for the ‘ Littérature coréenne ’ Category

SHIN Kyung-Sook – Li Chin

SHIN Kyung-Sook - Li ChinPrésentation de l’éditeur : Au commencement étaient quatre pages de mémoires contant le destin singulier d’une danseuse attachée à la maison royale de Corée à la fin du dix-neuvième siècle. A cette époque-là le royaume ermite s’ouvre au monde qui le découvre à son tour, et c’est ainsi que le premier diplomate français en poste en Corée tombe sous le charme de Li Chin, danseuse à la cour royale, femme d’une beauté et d’une intelligence exceptionnelles, et l’emmène avec lui à Paris, où elle rencontre Emile Guimet et Guy de Maupassant.

De cette histoire d’amour passionné qui scelle la rencontre de deux mondes inconnus l’un à l’autre, émerge avec un éclat extraordinaire la figure de Li Chin, dont la grâce, la sensualité et l’esprit pénétrant subjuguent ceux qui la croisent, mais qui jamais ne se livre totalement en retour. Entrée à la cour à cinq ans, entraînée dans les tourbillons et les drames de l’histoire de la Corée, ce n’est que dans la danse que cette femme secrète et captive des désirs des autres peut s’abandonner enfin, livrer ses sentiments, déployer ses ailes et se sentir librement elle-même.

J’ai beaucoup aimé ce roman et l’histoire de cette jeune femme au destin atypique. Il est intéressant d’un point de vue historique et pour découvrir les coutumes coréennes. De plus, Li Chin illustre le choc des cultures que ce soit du point de vue des coréens ou de celui des français, et les difficultés à comprendre et parfois à répondre aux attentes d’une personne qui n’a pas la même vision des choses.

Je me suis complètement attachée au personnage de Li Chin, j’ai compris ses envies, ses souffrances, en tant que femme et en tant qu’étrangère. J’ai aussi compris Victor et son envie de séduire la jeune fille même s’il le fait maladroitement et bien qu’il n’ait pas répondu à mes attentes à la fin du roman, c’est quand même un personnage intéressant.

C’est en tout cas un très bon roman que je conseille fortement, que vous vous intéressiez à la Corée ou non !

Picquier poche, août 2012

PrintempsCoree3

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KIM Tak-Hwan – Les romans meurtriers

KIM Tak-Hwan - Les romans meurtriersEn 1778, dans l’ancien royaume coréen de Joseon, une série de meurtres a été perpétrée. Le point commun entre ces assassinats est la présence, au chevet des morts, d’un roman du célèbre écrivain Cheong Un-Mong. Le coupable présumé est rapidement exécuté mais la situation se corse lorsque les meurtres continuent… Yi Myeong-Bang, dosa de la Haute Cour de Justice, est chargé de l’enquête. Entre complots et trahisons, il va rechercher le coupable sans relâche tout en espérant racheter sa faute auprès de la femme dont il est tombé amoureux.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture, notamment parce que l’intrigue se déroule dans le milieu de la littérature à une époque où les intellectuels et les artistes, en particulier ceux qui s’intéressaient aux nouvelles sciences venues de Chine, étaient souvent considérés comme une menace. L’auteur a astucieusement intégré à son récit des personnages ayant réellement existé ce qui n’a pas manqué d’éveiller mon intérêt et donné envie d’approfondir mes maigres connaissances sur la Corée et sur cette période.

Une enquête sympathique dans une atmosphère à laquelle je ne suis pas habituée, ce fût plutôt une bonne surprise.

Picquier poche, mai 2012

KIM Young-Ha – Fleur noire

KIM Young-Ha - Fleur noireFuyant leur pays envahit par le Japon, mille trente-trois coréens embarquent à bord de l’Ilford, un navire qui doit les mener jusqu’au Mexique. où ils pensent pouvoir reparti à zéro et s’offrir une vie meilleure. Ce que leur ont caché les organisateurs de la traversée, c’est qu’ils ont d’ores et déjà été vendus à de riches propriétaires terriens pour travailler dans leur plantation de sisal.

C’est avec un réel plaisir que j’ai retrouvé l’écriture de Kim Young-Ha malgré un thème qui de prime abord m’intéressait moins que ceux de L’empire des lumières et La mort à demi-mots. J’ai finalement été tout aussi séduite par ce roman.

Ce qui est intéressant au début du roman, c’est de voir tous les passagers traités de la même manière quel que soit leur rang social. En tant que lecteur, on se doute qu’ils vont avoir une mauvaise surprise en arrivant au Mexique même si ce n’est pas encore clairement explicité mais les voyageurs, eux, pensent vraiment qu’ils vont être accueillis à bras ouverts par les mexicains, notamment parce qu’ils imaginent ce pays riche et moderne, comme les USA.

Ce roman nous permet également d’observer la condition de féminine dans la société coréenne et leur espoir de se rendre dans un pays où elles auront la possibilité de réfléchir par elles-mêmes au lieu de se plier aveuglément aux désirs des hommes.

Il est aussi intéressant de voir ce qui se passait au Mexique à la même époque notamment le climat politique incertain et les prémices de la révolution. La différence de culture, et en particulier de religion, est bien exploitée par l’auteur et accentue les différences entre ces deux peuples.

Kim Young-Ha est définitivement un écrivain que j’aime beaucoup et que je vais continuer à suivre avec beaucoup d’intérêt !

Picquier poche, janvier 2009

Voir aussi :

 

HWANG Sok-Yong – Shim Chong, fille vendue

HWANG Sok-Yong - Shim Chong, fille vendueA l’âge de 15 ans, Chong, originaire de Kaoli (nom donné à la Corée par les chinois) est vendue à des trafiquants chinois. Après un épouvantable voyage dans la cale d’un bateau, elle devient la concubine d’un riche propriétaire.

Bien que son sort ne soit pas des plus enviables, il n’est pas non plus le pire qu’on puisse imaginer, le vieil homme est gentil avec elle et on se dit qu’elle aurait plus mal tomber. C’est à sa mort que sa situation devient plus délicate, en effet, après qu’elle se soit occupée des tablettes mortuaires pendant un an, elle n’aura plus rien à faire dans cette famille et elle sera probablement revendue, une fois encore.

Ayant compris très tôt que ses charmes pourraient lui permettre d’arriver à ses fins, elle décide de s’enfuir avec un des fils de celui qui fut son premier amant qui possède un établissement de loisirs (bar, jeux, hôtesses et fumerie d’opium) sur la côte. C’est là qu’elle apprendra les arts nécessaires à la séduction et à la satisfaction des clients.

J’ai plutôt apprécié ce récit des péripéties de la jeune Chong qui prendra les noms de Lenhwa, Lotus ou encore Lenka au gré de ses pérégrinations en Chine, à Singapour ou dans les îles Ryūkyū mais dont la volonté ne faillira à aucun moment. De plus, outre l’histoire de cette femme au destin hors du commun, le contexte historique est on ne peut plus intéressant puisque la guerre de l’opium fait rage !

Une fresque qui donne envie d’en savoir plus sur l’histoire de l’Asie.

Points, octobre 2011

HWANG Sok-Yong – L’invité

HWANG Sok-Yong - L'invitéPasteur habitant aux États-Unis depuis quarante ans, Ryu Yosop fait parti des quelques nord-coréens exilés à être invité à séjourner dans leur pays d’origine. C’est l’occasion pour plusieurs d’entre eux de retrouver la famille de laquelle ils ont été séparé pendant la guerre. Le tout est bien évidemment savamment orchestré par le gouvernement, rien n’est laissé au hasard, le pasteur va vite se rendre compte.

Ce qui m’a tout d’abord interpellée dans ce roman, c’est le déchirement du peuple coréen. On a du mal à imaginer combien de familles se sont retrouvé séparés à l’issue de la guerre de Corée, non seulement entre le nord et le sud mais aussi ceux qui se sont exilés dans des pays étrangers. Je m’attendais donc à des retrouvailles relativement émouvantes entre Ryu Yosop et sa famille ou du moins des gens qu’il avait connu à l’époque, mais finalement je n’ai pas vraiment compris dans quel but le pasteur avait décidé de faire ce voyage.

J’ai bien aimé en revanche les récits de jeunesse du personnage qui nous permettent d’imaginer ce qu’il a vécu, non seulement à cause des controverses politiques mais aussi de sa religion.

Le sujet est sans conteste intéressant et nous amène à réfléchir sur pas mal de choses, pourtant, au final, j’ai été un peu déçue par le dénouement.

Une lecture en demi-teinte qui n’a pas entièrement répondu à mes attentes.

Je suis pourtant prête à retenter un autre livre de l’auteur, affaire à suivre !

Points, janvier 2010

KIM Young-Ha – La mort à demi-mots

Kim Young-Ha - La mort à demi-motsAprès ma découverte de l’auteur Kim Young-Ha avec L’empire des lumières, j’ai eu envie de poursuivre en lisant son premier roman : La mort à demi-mots.

Le livre étant assez difficile à résumer, je vous copie ci-dessous la présentation de l’éditeur qui sera beaucoup plus explicite que tout ce que je pourrais écrire :

Le narrateur, un esthète du crime, explore avec talent et cynisme l’art de détruire autrui. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est révéler leur pulsion de mort à ses victimes,  » jusqu’au stade où la personne devient digne d’être mon client « . Et force est au lecteur d’admettre que ses  » clients  » trouveront écoute et consolation auprès de cet étrange bourreau égocentrique qui s’immisce dans leur vie, dans leur esprit, leur prodigue conseils bienveillants et compréhension.

Ce roman est très différent du premier que j’ai lu mais je l’ai trouvé tout aussi intéressant. Le livre est très court et décomposé en cinq chapitres dont la construction peut être déroutante. Si la plus grande partie du récit nous plonge dans les réflexions du « tueur », l’auteur nous présente également les clients potentiels et leurs motivations, nous permettant ainsi de faire le lien entre les personnages.

En tout cas, j’ai vraiment aimé ce roman, les thèmes abordés (la mort, le doute) mais aussi les relations entre les personnages.

Une chose est sûre, je ne m’arrêterai pas là avec cet auteur considéré comme le chef de file de la nouvelle génération d’écrivains coréens !

Philippe Picquier, septembre 2002

LEE Eun – Les rats de musée

La mort de JiLee Eun - Les rats de musée Man-kyu, la disparition du peintre Yun Hou et maintenant le suicide du directeur Pak Kilyong, cela commence à faire beaucoup d’incidents inexplicables pour le musée d’art contemporain coréen Jeongno. C’est en tout cas ce que pense le jeune artiste Kim Yun-ki dont l’exposition doit bientôt commencer, d’autant qu’il est le dernier à avoir vu le directeur Pak vivant. Avec l’aide de son amie Yang Nuri, conservatrice stagiaire au musée, il va mener son enquête parallèlement à celle de la police…

Ce qui m’a attirée dans ce roman, c’est le fait que l’intrigue se déroule dans le milieu de l’art, et sur ce point je n’ai pas été déçue. Le fait que la clé de l’énigme puisse se trouver dans les peintures elles-mêmes n’a pas manqué de m’intriguer. C’est donc avec un certain plaisir que j’ai fait cette lecture ; malheureusement, le dénouement ne m’a pas vraiment surprise, on soupçonne assez rapidement la vérité.

Bilan mitigé donc sur ce roman ; une bonne idée de départ et une atmosphère intéressante mais un certain manque d’originalité lors de la révélation finale.

Philippe Picquier, juin 2011

KIM Young-Ha – L’Empire des lumières

Kim Young Ha - L'empire des lumièresKim Kiyeong est un agent secret nord-coréen infiltré à Séoul depuis vingt ans. Le temps pour lui d’avoir fondé une famille avec Jang Mari et eu une petite fille prénomée Hyeon-mi ; il a également monté sa société d’import de films étrangers qui lui assure des revenus confortables.

Quand subitement, il reçoit un message crypté qui lui demande de retourner en Corée du nord dès le lendemain, c’est une véritable course contre la montre qui commence pour Kiyeong…

J’ai trouvé cette lecture passionnante ! J’ai aimé les interrogations de Kiyeong qui après avoir endossé une fausse identité a fini par croire à ce passé inventé de toutes pièces. Que penser aussi de la façon dont il a vécu jusqu’à maintenant en se faisant passer pour un autre auprès de son entourage ?

Le livre est composé comme un compte à rebours et nous relate les agissements de la famille Kim tout au long de cette journée. Le fait que la narration soit partagée entre Kiyeong, son épouse et sa fille est également très intéressant car les trois personnages ont des préoccupations tout à fait diverses qui ne manquent pas de nous renseigner sur la société coréenne.

Si vous vous intéressez à la Corée du Sud, si vous avez envie d’avoir un aperçu de ce que pouvait être la vie en Corée du Nord dans les années 1970/80, ou si vous êtes tout simplement curieux, n’hésitez pas à vous procurer ce roman passionnant d’un auteur que je relirai sans aucun doute.

Picquier poche, avril 2011

Je vous laisse avec le tableau de Magritte qui a donné son titre au roman.

Rene_Magritte_L_Empire_des_Lumieres_1954

LEE Geumyi – Yujin et Yujin

Yujin & YujinDeux jeunes filles de 13 ans portant toutes deux le même nom se retrouvent dans la même classe. Pour les différencier, elles vont être surnommées « la grande Yujin » et « la petite Yujin » ; c’est là que le déclic va se faire pour la grande Yujin, elles ont déjà été dans la même classe en maternelle ! Cependant, lorsqu’elle l’aborde, la petite Yujin lui soutient qu’elles ne se connaissent pas et qu’elle fait certainement erreur.

Il n’en faut cependant pas plus à la petite Yujin pour commencer à se poser des questions tant la grande Yujin a l’air convaincue de la connaître alors qu’elle n’a aucun souvenir de ses années de maternelle.

Pour la grande Yujin, cette rencontre marque le début des ennuis ; les quiproquos que vont entrainer le port du même nom n’ont pas finit de lui pourrir la vie !

Ce sont deux destins parallèles et en même temps très différents qui nous sont racontés dans ce livre. Bien qu’un passé commun les lient, l’une se souvient parfaitement de toute ce qui leur est arrivé et grandit comme n’importe quelle adolescente alors que l’autre a totalement occulté cet épisode et s’est complètement fermée au monde, ayant pour seul but sa réussite scolaire pour obtenir la reconnaissance de ses parents. Deux façons de grandir différentes mais qui reflètent à mon avis assez bien la société coréenne actuelle où la réussite scolaire est très importante pour les parents. On y retrouve également d’autres thèmes chers aux adolescents, les premiers émois amoureux, l’envie d’être comme les autres et d’avoir les mêmes choses…

Le sujet principal est difficile mais traité avec beaucoup de pudeur, j’ai beaucoup apprécié. Ce fût une lecture très intéressante et enrichissante.

Picquier jeunesse, avril 2011

LEE Seung-U – La vie rêvée des plantes

Lee Seung-U - La vie rêvée des plantesKihyon, un jeune détective privé reçoit un coup de fil lui demandant d’enquêter sur sa propre mère. L’homme qui l’engage ne souhaite pas révéler son identité, ce qui intrigue encore plus Kihyon s’interroge, celui qui l’engage sait-il qui il lui demande de surveiller ? Cette filature va alors lui révéler un secret effroyable sur son grand frère, amputé des deux jambes à l’armée et en proie à des crises de folie. Se sentant coupable – à raison – de ce qui lui est arrivé, Kihyon décide de s’occuper de son frère et de faire ainsi amende honorable.

Ce récit est vraiment très particulier et complexe. De nombreux thèmes sont développés dans ce drame familial, la jalousie, la trahison, la rédemption… Le tout est raconté sur un ton très juste et certains passages m’ont vraiment pris aux tripes. Le titre ne révèle pas grand chose sur le contenu du livre, je n’avais donc aucune idée du scénario et je ne m’attendais pas du tout à ce que j’ai trouvé mais j’ai été surprise de manière positive.

Un très beau texte bien qu’assez dur, je ne regrette pas du tout !

Folio, septembre 2009