Quatrième de couverture : Rahel et Estha Kochamma, deux jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l’oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, désertée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer. Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir «qui aimer, comment et jusqu’où» ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l’amour d’une mère ?
Mon avis : Le début du livre a été un peu difficile à appréhender pour moi, je me suis lancée dans cette lecture sans véritablement savoir de quoi ça parlait et il m’a fallu du temps pour mettre les choses en place et pour me familiariser avec les personnages, d’autant que le récit n’est pas chronologique. Puis, j’ai commencé à apprécier cette lecture et à avoir envie de savoir comment était survenu le drame dont on nous parle dès le début.
Je ne suis pas du tout familière de la littérature et de la culture indienne, ce roman a donc été pour moi une source de découvertes. A ce propos, d’ailleurs, j’avais un peu entendu et lu le mot « Intouchable » mais je ne savais pas qui il représentait et le paragraphe suivant m’a beaucoup éclairée :
On interdisait à ces gens-là tout contact avec ce que touchaient les Touchables, les chrétiens tout autant que les hindous. Mammachi racontait à Estha et Rahel que, du temps de son enfance, on obligeait les Paravans à marcher à reculons avec un balai qui leur servait à effacer les empreintes de leurs pas, de peur qu’un brahmine ou un chrétien ne se souille irrémédiablement en marchant dans leurs traces. A cette époque, on leur interdisait aussi d’emprunter les routes et les chemins publics, de se couvrir le haut du corps, d’utiliser un parapluie. Quand ils parlaient, il leur fallait mettre la main devant la bouche, de façon à ne pas envoyer leur haleine polluée au visage de ceux auxquels ils s’adressaient.
Les choses ont a priori évolué depuis quelques années en Inde où l’on tente de réduire les disparités entre les différentes castes mais je trouve ce paragraphe particulièrement significatif du quotidien dans ce pays, il y a quelques années, en tout cas.
Le contexte politique et religieux est également important dans ce roman, accentuant encore plus les différences entre la famille d’Ammu et le statut d’Intouchable de Velutha. Pas étonnant en tout cas que les enfants, Estha et Rahel, ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas le droit de lui adresser la parole, pour moi ce type de ségrégation n’a vraiment aucun sens !
Le Dieu des Petits Riens, c’est un beau livre mais une histoire horrible, un roman à la fois sublime et dramatique qui ne laisse pas indifférent. A lire.
Folio, janvier 2000
